La poésie ekphrastique explore l'art. À l'aide d'un dispositif rhétorique appelé ekphrasis, le poète s'engage dans une peinture, un dessin, une sculpture ou une autre forme d'art visuel. La poésie sur la musique et la danse pourrait également être considérée comme un type d'écriture ékphrastique.
Le terme ékphrastique (également orthographié ecphrastique) provient d'une expression grecque pour la description. Les premiers poèmes ékphrastiques étaient des récits vivants de scènes réelles ou imaginaires. Par une utilisation effusive des détails, les écrivains de la Grèce antique aspiraient à transformer le visuel en verbal. Les poètes ultérieurs sont allés au-delà de la description pour réfléchir à des significations plus profondes. Aujourd'hui, le mot ékphrastique peut faire référence à toute réponse littéraire à une œuvre non littéraire.
Il y a plus de 2000 ans, les poètes épiques utilisaient l'ekphrasis pour aider le public à visualiser les batailles légendaires. Ils ont créé un enargie, ou unpeinture de mots vifs. Par exemple, le livre 18 de L'Iliade (vers 762 av.J.-C.) comprend une longue description visuelle détaillée du bouclier qu'Achille portait. L'auteur de L'Iliade (dit être un poète aveugle connu sous le nom d'Homère) n'a jamais réellement vu le bouclier. L'ekphrasis dans la poésie épique décrit généralement des scènes et des objets qui n'ont été imaginés.
Depuis l'âge d'Homère, les poètes ont imaginé de nombreuses façons d'interagir avec l'art. Ils analysent l'œuvre, explorent des significations symboliques, inventent des histoires ou même créent des dialogues et des scènes dramatiques. L'œuvre mènera souvent le poète à de nouvelles perspectives et à des découvertes surprenantes.
Le sujet du poème ékphrastique peut concerner une œuvre d'art réelle (ekphrasis réelle) ou un objet fictif comme le bouclier d'Achille (ekphrasis théorique). Parfois, le poème ékphrastique répond à une œuvre qui existait autrefois mais qui est maintenant perdue, détruite ou éloignée (ekphrasis réelle non évaluable).
Il n'y a pas de forme établie pour la poésie ékphrastique. Tout poème sur l'art, qu'il soit rimé ou non, rime métrique ou libre, peut être considéré comme ékphrastique.
Chacun des poèmes suivants porte sur une œuvre d'art. Bien que les poèmes soient très différents dans le ton et le style, ils sont tous des exemples de poésie ekphrastique.
La poète Anne Sexton (1928-1974) et l'artiste Vincent van Gogh (1853-1890) ont tous deux combattu des démons privés. Le poème d'Anne Sexton sur "La nuit étoilée" de van Gogh présente une scène inquiétante: La nuit est une "bête qui se précipite" et un "grand dragon" qui "bout avec onze étoiles". S'identifiant à l'artiste, Sexton exprime un souhait de mort et un désir de fusionner avec le ciel:
"Oh nuit étoilée! Voilà comment
Je veux mourir."
Le court poème gratuit en vers mentionne des détails de la peinture, mais l'accent est mis sur la réponse émotionnelle du poète. Plutôt que de décrire avec passion le travail de van Gogh, Anne Sexton aborde la peinture de manière très personnelle.
Écrivant à l'époque romantique, John Keats (1795-1818) devient ekphrasis théorique dans une médiation et une série de questions. En cinq strophes rimant, le poème de Keats "Ode sur une urne grecque" aborde une version imaginée d'un vase ancien. Typique des artefacts vus au British Museum, l'urne est ornée de musiciens et de figures dansantes. Il aurait pu contenir du vin, ou il aurait pu servir d'urne funéraire. Au lieu de simplement décrire l'urne, Keats parle directement aux figures dansantes:
«Quels hommes ou dieux sont-ils??
Quelle folle poursuite? Quelle lutte pour fuir?
Quels tuyaux et timbrels? Quelle extase sauvage? "