Au cours des dernières décennies, l'utilisation de l'entomologie comme outil dans les enquêtes médico-légales est devenue assez courante. Le domaine de l'entomologie médico-légale a une histoire beaucoup plus longue que vous ne le pensez, remontant au 13ème siècle.
Le premier cas connu de crime résolu à l'aide de preuves d'insectes vient de la Chine médiévale. En 1247, l'avocat chinois Sung Ts'u a écrit un manuel sur les enquêtes criminelles appelé L'effacement des torts. Dans son livre, Ts'u raconte l'histoire d'un meurtre près d'une rizière. La victime avait été tailladée à plusieurs reprises et les enquêteurs soupçonnaient que l'arme utilisée était une faucille, un outil couramment utilisé pour la récolte du riz. Comment pourrait-on identifier le meurtrier, alors que tant de travailleurs portaient ces outils?
Le magistrat local a réuni tous les travailleurs et leur a dit de déposer leurs faucilles. Bien que tous les outils aient semblé propres, l'un a rapidement attiré des hordes de mouches. Les mouches pouvaient détecter les résidus de sang et de tissus invisibles à l'œil humain. Face à ce jury de mouches, le meurtrier a avoué le crime.
Tout comme les gens pensaient autrefois que le monde était plat et que le Soleil tournait autour de la Terre, les gens pensaient que les asticots surgiraient spontanément de la viande pourrie. Le médecin italien Francesco Redi a finalement prouvé le lien entre les mouches et les asticots en 1668.
Redi a comparé deux groupes de viande: le premier laissé exposé aux insectes et le deuxième groupe recouvert d'une barrière de gaze. Dans la viande exposée, les mouches ont pondu des œufs, qui ont rapidement éclos en asticots. Sur la viande recouverte de gaze, aucun asticot n'est apparu, mais Redi a observé des œufs de mouches sur la surface extérieure de la gaze.
Dans les années 1700 et 1800, des médecins en France et en Allemagne ont observé des exhumations massives de cadavres. Les médecins français M. Orfila et C. Lesueur ont publié deux manuels sur les exhumations, dans lesquels ils notaient la présence d'insectes sur les cadavres exhumés. Certains de ces arthropodes ont été identifiés pour des espèces dans leur publication de 1831. Ce travail a établi une relation entre des insectes spécifiques et des corps en décomposition.
Cinquante ans plus tard, le médecin allemand Reinhard a utilisé une approche systématique pour étudier cette relation. Reinhard a exhumé des corps pour recueillir et identifier les insectes présents dans les corps. Il a spécifiquement noté la présence de phoridies, qu'il a laissées à un collègue d'entomologie pour identifier.
Dans les années 1800, les scientifiques savaient que certains insectes habiteraient des corps en décomposition. L'intérêt se tourne maintenant vers la question de la succession. Les médecins et les enquêteurs légaux ont commencé à se demander quels insectes apparaîtraient en premier sur un cadavre et ce que leur cycle de vie pourrait révéler à propos d'un crime.
En 1855, le médecin français Bergeret d'Arbois fut le premier à utiliser la succession d'insectes pour déterminer l'intervalle post mortem des restes humains. Un couple remodelant leur maison parisienne a découvert les restes momifiés d'un enfant derrière la cheminée. La suspicion est immédiatement tombée sur le couple, bien qu'il n'ait emménagé que récemment dans la maison.
Bergeret, qui a autopsié la victime, a noté des preuves de populations d'insectes sur le cadavre. En utilisant des méthodes similaires à celles utilisées aujourd'hui par les entomologistes légistes, il a conclu que le corps avait été placé derrière le mur des années plus tôt, en 1849. Bergeret a utilisé ce que l'on savait des cycles de vie des insectes et de la colonisation successive d'un cadavre pour arriver à cette date. Son rapport a convaincu la police d'inculper les anciens locataires de la maison, qui ont par la suite été reconnus coupables du meurtre..
Le vétérinaire français Jean Pierre Megnin a passé des années à étudier et à documenter la prévisibilité de la colonisation des insectes chez les cadavres. En 1894, il publie La Faune des Cadavres, le point culminant de son expérience médico-légale. Dans ce document, il a décrit huit vagues de succession d'insectes qui pourraient être appliquées lors d'enquêtes sur des morts suspectes. Megnin a également noté que les cadavres enterrés n'étaient pas sensibles à cette même série de colonisation. Seulement deux étapes de colonisation ont envahi ces cadavres.
L'entomologie médico-légale moderne s'appuie sur les observations et les études de tous ces pionniers.